Le sens du goût

Le sens du goût 1142 942 V.M. Kwen Khan Khu

Très chers amis/ies :

J’ai le plaisir, à cette occasion, de vous faire parvenir quelques mots sur cette belle gravure intitulée…

…LE SENS DU GOÛT

Le sens du goût, Adriaen Collaert
Le sens du goût, Adriaen Collaert

Disons tout d’abord que cette toile, comme les précédentes dédiées aux sens, fut l’œuvre de deux artistes flamands : Maerten de Vos ─1532-1603─ et Adriaen Collaert, un dessinateur flamand qui vécut entre les années 1560-1618.

Le présent travail artistique est en relation directe avec l’un des cinq sens de notre machine organique. Nous y voyons tout d’abord une belle dame qui tient dans sa main droite la corne de la déesse Amalthée, qui signifie l’abondance matérielle ou spirituelle.

Les cinq sens de notre organisme peuvent être dirigés soit pour nourrir notre Bête égoïque, soit pour exalter notre Âme et notre Esprit.

Il est curieux de voir la dame de notre gravure s’apprêter à manger une pomme. Ce fruit a hermétiquement symbolisé la sexualité. Nous savons tous, grâce à la Gnose, qu’avec la force sexuelle nous montons aux cieux de Conscience ou nous descendons dans nos enfers atomiques. Le sexe est une échelle pour monter ou une échelle pour descendre, tout dépendra de la façon dont nous nous polariserons avec cette puissance. Si nous l’utilisons pour forniquer, nous deviendrons de plus en plus inconscients et dégénérés, mais si nous utilisons ce pouvoir pour transmuter la libido sexuelle, nous activerons alors les facultés psychiques et animiques de chacun de nous.

C’est pour cela que, juste derrière la corne que cette jeune fille tient dans sa main gauche, nous pouvons voir la scène dans laquelle l’Ève mythologique, poussée par le désir luciférien ─ qui est enroulé comme un serpent avec un corps féminin dans l’arbre de la science du bien et du mal ─, est justement en train de tenter l’Adam originel, l’incitant à tomber, c’est-à-dire à perdre son innocence et son équilibre spirituel. Cet évènement provoqua, bibliquement parlant, l’expulsion du couple de ce que les religions appellent le paradis terrestre, ou paradis de la Conscience.

Sur le côté gauche de la dame, au fond, on nous montre le Grand Kabîr de Galilée parlant à ses disciples tandis que ceux-ci, étonnés, lui montrent le fruit de ses prodiges, c’est-à-dire : la multiplication des pains, la pêche abondante qu’il leur a fait faire dans un autre de ses miracles, etc., etc., etc.Là, nous voyons la foule faire la queue pour recevoir les présents que le V.M. Aberamentho leur offrait.

Il est évident, cher lecteur, que ce n’est que lorsque nous récupérons L’ÂME-ESPRIT que nous pouvons alors redevenir à l’image et à la ressemblance de notre Créateur et devenir des rois de la nature et non des esclaves de celle-ci.

On distingue, sous la dame, une créature aux traits simiesques. C’est le symbole de l’involution de l’être humain, et c’est pourquoi elle dévore des pommes de façon sauvage à côté d’un vase hermétique ─ symbole alchimique des transmutations ─.

L’ésotérisme gnostique nous dit que nous pouvons respirer l’arôme du fruit défendu, mais ne pas l’avaler…… Que celui qui a de l’entendement comprenne…… Inspirer l’arôme du fruit symbolique signifie transmuter notre énergie créatrice ; avaler le fruit allégorique signifie perdre nos eaux mercurielles. Pour reconquérir les cieux de Conscience, il faut acquérir le raffinement sexuel, ou, comme l’a bien dit le Vénérable saint Augustin, faire du coït une prière……

Il y a au pied de notre gravure des phrases latines qui nous disent :

«Simius eximio gnarus discernere Gvstv. Reijcit ingrata, et grata sapore tenet.Quam suavis Dominus sit, quam coelestia dulci delectent gustu, res manifesta pijs».

Traduction : ‘Le singe, habile à discerner avec un goût excellent, rejette les choses désagréables et garde les agréables par le goût. Comme le Seigneur est doux, comme les choses célestes sont douces au goût, chose évidente pour les pieux’.

Je vous ajoute, pour conclure, les phrases suivantes pour la réflexion :

« La perfection est une vertu merveilleuse qui pèse si lourd que l’homme ne peut pas la supporter ».
Ortega Munilla

« Celui qui reconnaît consciemment ses limites est le plus proche de la perfection ».
Goethe

« La perfection, poussée à l’excès, meurt de pléthore ».
Shakespeare

« Si nous nous examinions de temps en temps, le résultat naturel de cet examen serait notre plus grande perfection ».
Montaigne

SOL LUCET OMNIBUS.
─ ‘Le Soleil brille pour tous’ ─.

KWEN KHAN KHU