Très aimés amis/ies :
J’ai le plaisir de vous envoyer, à cette occasion, une gravure réalisée par le peintre Pieter Brueghel, l’Ancien, entre les années 1526 et 1569. Cette gravure s’intitule…
…PERSONNE NE SE CONNAÎT SOI-MÊME
Commençons, amis/ies lecteurs/trices, par quelques considérations qui méritent d’être observées, voyons :
En haut à gauche, un tableau avec un homme en habit médiéval se regardant dans un miroir, et sous l’image il est écrit en langue flamande : « NIEMA[N]T. ES. KENT. SELVE[N] », ‘personne ne se connaît soi-même’…….
Il y a au total huit figures avec le même personnage, ELCK – mot qui veut dire ‘chacun’ ou ‘n’importe qui ‘ en hollandais ─. Deux, près du tableau, tirant sur un tissu. Trois d’entre eux, une lampe à la main, cherchent dans les sacs où sont inscrits des chiffres et des symboles écrits, des boîtes, des objets… Au fond on voit deux autres personnages, l’un cherchant avec sa lampe près d’une armée, et l’autre, plus loin, en route vers une église. Et le huitième, dans la partie d’en bas à gauche de la gravure, est à l’intérieur d’un baril, nous rappelant Diogène. Il est étonnant qu’autour, outre des sacs et des boîtes, il y ait des instruments de mesure qui semblent abandonnés : une balance, une hache, une règle, un échiquier, des dés, des cartes de tarot, des ciseaux, une cruche renversée…
Au centre de la gravure, sur un sac, il est écrit NEMO NON, ‘PERSONNE NON’. Sur le sac il y a un couteau et ce qui ressemble à des pierres ou des pains…
Le vieil homme, ELCK, cherche quelque chose, mais bien qu’il ait des lunettes et une lampe, on dirait que quelque chose ne va pas dans sa recherche, selon la phrase latine : Nemo non quaerit passim sua commode, Nemo Non querit sese’ cunctis in rebus agendis, Nemo non inhiat privatis undique lucris, Nemo non inhiat privatis undique lucris. Hic trahit, ille trahit, cunctis amor unus habendi est.
Traduction : ‘Il n’y a personne qui ne cherche pas partout son confort. Il n’y a personne qui ne se cherche lui-même dans toutes les choses à faire. Il n’y a personne qui ne cherche pas partout son propre bénéfice. Celui-ci tire, celui-là tire, tous ont le même amour de la possession ‘.
Deuxième traduction :
‘Personne ne cherche partout sa propre convenance. Personne ne se cherche soi-même dans toutes les choses à faire. Personne ne cherche partout son propre bénéfice. Celui-ci tire, celui-là tire, tous ont le même amour de la possession’.
Curieusement, le personnage ─ qui est le même dans les huit postures décrites ci-dessus ─, avec la lampe et sa quête, d’une part nous rappelle le sage Diogène, mais d’autre part il est écrit sur son habit ELCK, ce qui signifie qu’il représente n’importe lequel d’entre nous.
Il y a deux prières dans la partie d’en bas en ancien français et en hollandais.
Troisième traduction :
‘Partout dans le monde, chacun se cherche dans les choses et il s’ensuit que plus d’un se perdra. Tout le monde tire la couverture vers soi. Personne ne se connaîtra soi-même ainsi, et s’il comprend cela, il en tirera de la force et s’en émerveillera’.
Qu’est-ce que tout cela signifie, avide lecteur ?
Ce qui est très clair dans cette gravure, c’est la représentation picturale de l’éternelle quête de notre réalité et notre tentative ratée de vouloir la trouver dans les choses matérielles. L’homme a toujours cherché à l’extérieur, dans le monde matériel, ce qu’il porte à l’intérieur de lui-même, et ce triste acharnement ne nous mène qu’à la confusion.
Les anciens grecs ont laissé inscrit sur le frontispice du temple de Delphes : HOMO NOSCE TE IPSUM, ‘Homme, connais-toi toi-même’, et d’après beaucoup de spécialistes cette phrase se poursuivait en nous laissant entendre : « Et tu connaitras l’univers et les Dieux qui l’habitent ». La Gnose éternelle nous a toujours expliqué que toutes les vérités contenues dans le Macrocosme sont, également, rassemblées à l’intérieur de l’homme ─ le Microcosme ─.
Cependant, malgré que cela ait été répété des millions de fois, la mentalité bornée des masses humaines a ignoré ce que cette phrase nous dit depuis des millénaires. L’humanoïde terrestre a toujours prétendu trouver le bonheur et la raison d’être de sa vie en cherchant des choses matérielles, ce qui s’avère une absurdité totale.
C’est la raison pour laquelle nous voyons au fond un personnage vêtu dans le style médiéval se regardant lui-même dans un miroir. Cela nous rappelle cette phrase qui, dans l’une de nos cérémonies, tente de souligner : « Regarde-toi toi-même, sois ton propre juge, fais un examen de Conscience et corrige-toi, etc., etc., etc. ».
D’autre part, on nous montre que cette impudence se produit dans tous les domaines de la vie des êtres humains. C’est la raison pour laquelle nous pouvons voir le même individu avec des lunettes répété dans plusieurs scènes et toujours dans l’attitude de chercher quelque chose… C’est pourquoi ce même personnage a pour nom ELCK, qui traduit veut dire ‘n’importe qui’. Malheureusement nous sommes tous coulés dans le même moule. Dans plusieurs moments de ces scènes le petit homme tient même une lampe et même ainsi elle ne lui sert à rien… Pourquoi ? Eh bien parce qu’il s’agit, dans ce cas, de la lampe intellectuelle, non de la lampe de l’illumination intérieure.
Une chose intéressante à souligner est le désordre dans lequel est plongé le vieil homme qui représente n’importe lequel d’entre nous. Nous voyons là toutes sortes d’objets, des sacs, des ciseaux, des horloges, des cartes du tarot, des loupes, des tasses, des compas, des règles ; etc., etc., etc., nous indiquant par là que cette quête aveugle affecte tous les divers aspects de nos vies…
Au centre de cette gravure, nous voyons un grand sac sur lequel sont écrits deux mots : NEMO NON ─ traduction : ‘ PERSONNE NON’─, et sur ce sac nous voyons deux pains et un couteau. Qu’est-ce que tout cela ? Réponse : ces deux mots avec ces pains et le couteau nous disent : PERSONNE NE CHERCHE LE PAIN DE LA SAGESSE ET PERSONNE N’UTILISE LE COUTEAU DE LA CONSCIENCE POUR LA DIGÉRER.
Dans la partie supérieure gauche de cette illustre gravure, nous voyons deux personnages tirant sur un même tissu ou serviette. C’est l’éternelle lutte dans laquelle l’humanité est plongée, tout le monde essayant d’avoir pour soi la vérité, la raison, mais en vérité ils luttent juste pour être embouteillés dans leurs dogmes…..
Le personnage qui est au centre tenant dans ses mains une lampe ne remarque même pas le fait qu’entre ses jambes se trouve le globe qui représente le chaos métallique ou Mercure des sages. C’est ainsi qu’a été notre humanité, chers lecteurs et lectrices, cherchant toujours la vérité à l’extérieur parmi les choses matérielles et illusoires, ignorant que le trésor que nous cherchons est à l’intérieur de nous.
Deux petits hommes que nous voyons au fond de la gravure se trouvent dans cet état de sommeil profond : l’un qui va avec ses embouteillements religieux dans une église et l’autre qui marche vers une armée. Les deux situations reflètent le fait que, où que nous soyons ou quoi que nous fassions, tant que nous avons la Conscience endormie nous ne trouverons pas ce que nous cherchons…..
Je vous propose maintenant des phrases pour réfléchir :
« Il est bon de méditer durant un jour après avoir lu pendant une heure ».
Massillon
« D’abord méditer, ensuite se décider ».
Moltke
« Oh, délice de la médiocrité ! Ne pas pouvoir penser, s’isoler dans l’inconscience ! Pouvoir s’enthousiasmer pour une bicyclette ! ».
Ruben Darío
« N’est pas grand celui qui sait beaucoup, mais celui qui a beaucoup médité ».
Settembrini
« Agis comme si la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature ».
Emmanuel Kant
FATA VOLENTEM DUCUNT NOLENTEM TRAHUNT.
─‘Le destin porte ceux qui l’acceptent et traîne ceux qui le refusent’─.
KWEN KHAN KHU