Très chers/ères lecteurs/trices :
Je fais appel à l’écriture pour vous faire parvenir quelques commentaires sur la présente gravure intitulée…
…FORTITVD
Cette gravure appartient aussi au peintre Pieter Brueghel l’Ancien et son titre signifie ‘FORCE’.
Je vous fais d’abord parvenir quelques commentaires :
« La force, comme l’une des vertus cardinales, a été l’objet de réflexion de la part des penseurs depuis l’antiquité quand les bases de ce concept ont été posées. Cette vertu a d’importants antécédents visuels, tant mythologiques ─ le héros Hercule ─ que bibliques ─ Samson ─. […]
Cette vertu ne se manifestait pas visuellement dans l’antiquité sous forme d’allégorie, mais elle était identifiée au célèbre héros Héraclès/Hercule, qui représentait bien toutes les qualités et fonctions que les penseurs attribuent à cette vertu ─ courage, constance… ─.
Au Moyen Âge, l’image du guerrier vêtu d’une cotte de maille, d’un casque, d’un bouclier, d’une lance et d’une épée était la plus récurrente lorsqu’il s’agissait de concevoir la force.
Au XIIIe siècle, la tendance de représenter la force par une image guerrière se poursuit, comme on le retrouve dans les diverses éditions du Speculum Virginum ou dans les cathédrales gothiques françaises. Tant à Notre Dame de Paris qu’à Amiens et Chartres, la force est représentée par le courage, une femme ─ par ses longs habits ─ armée d’une lance et d’un bouclier afin de supporter toutes les difficultés avec un esprit inébranlable. La force représentée dans les bas-reliefs des cathédrales gothiques françaises, en plus de présenter le typique aspect guerrier, tient un bouclier avec un lion comme emblème. Cela se répète aussi dans la cathédrale de Reims […]. La présence du lion aux côtés de cette vertu n’est pas surprenante compte tenu des antécédents visuels basés sur Héraclès/Hercule et notamment sur le premier de ses travaux, le Lion de Némée.
Si l’image de la force présente une nette continuité tout au long du Moyen Âge, un nouvel attribut apparaît à partir du XIVe siècle. Sur une voûte de Santa María Novella ─ Nardo di Cione et Giovanni del Biondo, 1355-1360, Florence ─ nous voyons la force avec la traditionnelle tête de lion comme casque et avec une colonne. […] La colonne est l’emblème de sa constance, représentation de la force car elle est à un édifice ce que la force est à l’homme.
Dans ce cas, la gravure de Pieter Brueghel représente la force comme une femme avec des ailes d’ange, tenant de la main droite une colonne et de la main gauche une bête qu’elle tient soumise sous ses pieds. Elle a une enclume sur la tête. Au centre de la gravure il y a une forteresse médiévale avec quatre tours, protégée par un mur de soutènement et entourée d’un canal d’eau. À l’extérieur de la forteresse, aux quatre points cardinaux, de féroces scènes de bataille entre des guerriers et de grotesques formes animales qui représentent sans aucun doute des défauts humains. Les historiens commentent qu’au milieu du XVe siècle, un nouveau type de vertus symboliques, chargées d’attributs iconologiques difficiles à déchiffrer, est apparu. L’origine de cette iconographie fut située par Male en France, mais des études ultérieures ont démontré que, bien que la source primaire qui l’a façonnée soit inconnue, elle serait apparue dans le milieu français et flamand, ayant atteint la Castille par la circulation de manuscrits enluminés. Il est très probable que ces symboles, difficiles à déchiffrer, appartiennent au langage des alchimistes ».
Le texte en latin qui accompagne la gravure dit ceci : ANIMVM VINCERE, IRACVNDIAM COHIBERE CAETERAQ[UE] VITIA ET AFFECTVS COHIBERE VERA FORTITVDO EST.
Traduction de la phrase latine : ’Vaincre l’orgueil, réfréner la colère et réfréner les autres vices et passions, voilà la vraie force’.
Nous sommes, chers amis/ies, devant la représentation très claire de la vertu qui représente la FORCE. Cette vertu apparait en nous au fur et à mesure que nous nous approchons de l’ÊTRE. C’est pourquoi il est dit : L’ÊTRE peut tout ─ il est OMNIPOTENT ─.
Il est indubitable que la force est intimement liée à la CHASTETÉ. C’est pourquoi plus nous serons chastes, plus notre force sera grande face aux divers aléas de notre existence.
Nous voyons cette vertu, comme beaucoup d’autres, représentée par une femme ─ car les vertus sont les gemmes de notre Divine Mère ─. Cette femme est ailée, portant dans sa main droite une colonne et avec la gauche on la voit maîtriser une bête aberrante ─ symbole d’un des nombreux agrégats psychologiques que nous portons en nous ─.
Il est intéressant de voir au-dessus de la tête de cette femme une enclume, qui représente la capacité de la force à supporter tous les poids physiques et moraux qui peuvent menacer notre vie matérielle ou psychique.
Il est incontestable que cette vertu nous permet de rester fermes comme la colonne d’un temple, raison pour laquelle cette femme en tient une de sa main droite. Le Maître Samael lui-même nous dit dans plusieurs de ses œuvres que le mot vertu a une racine qui le lie à la virilité, cette racine est vir, et cela nous rappelle les vertus que nous devons obtenir.
C’est pour cette raison que nous avons auparavant souligné que la vertu de la force est très liée à la transmutation de nos sécrétions sexuelles, c’est-à-dire à notre chasteté. Normalement, les gens faibles, sexuellement parlant, ne sont pas forts du tout…
Il est curieux que, de même, sur le plan architectural, lorsqu’on construit un bâtiment pour servir à nous défendre militairement contre nos ennemis, nous l’appelons alors forteresse. C’est le cas de notre gravure, puisque dans sa partie centrale nous pouvons en effet voir une forteresse militaire avec ses quatre tours orientées vers les quatre points cardinaux. Cette forteresse est notre vie spirituelle, que nous devons protéger par-dessus tout contre les attaques constantes de nos dix mille agrégats. C’est la signification des batailles acharnées que nous observons qui se déroulent autour de cette forteresse. Cette forteresse ─ observez bien ─ est entourée d’eau pour empêcher les ennemis de l’ÊTRE de s’en approcher. Ce sont les eaux mercurielles, qui sont la base de notre travail intérieur.
Il est intéressant d’affirmer que dans ces batailles nous voyons des armées luttant contre des formes animalesques grotesques, et cela nous rappelle les diverses parties autonomes et autoconscientes qui constituent notre Être Réel attaquant la multiplicité de l’Ego animal pluralisé.
En haut, au fond de la gravure, on voit une mer ─ la mer des philosophes alchimistes ─ et un voilier représentant la traversée alchimique effectuée par le dévot alchimiste.
Inutile de dire que la quête de notre identité divine comporte de très nombreuses batailles, et pour les supporter avec tout le poids qu’elles impliquent, nous aurons toujours besoin de cette vertu magnanime que nous appelons FORCE.
La phrase latine souligne le besoin que nous avons de cette merveilleuse vertu pour ne pas faiblir dans nos aspirations et ne pas perdre courage, choses si nécessaires pour rester fermes sur le Chemin Secret.
Ajoutons maintenant quelques phrases qui, avec éloquence, sont liées à tout ce qui précède :
« Il existe des afflictions où nous ne trouvons de réconfort en personne et dans lesquelles un cœur fort ne peut faire appel qu’à sa propre force ».
Schiller
« La force augmente proportionnellement à la responsabilité ».
Thomas
« Il n’existe rien, aussi difficile soit-il, que la force ne puisse obtenir ».
Jules César
« La vraie force est celle qui nous rend inflexibles quand il s’agit de la vertu ».
Plutarque
« La vraie force ne se trouve pas tant dans le pouvoir, mais dans le fait de savoir souffrir ».
Antonio López de la Vega
Kwen Khan Khu