Bien-aimés amis lecteurs/trices :
Je suis heureux de vous faire parvenir cette gravure qui s’intitule…
…VIRTUS UNITA FORTIOR
─‘La vertu unie est plus forte’─

C’est le frontispice d’un livre publié en 1690 à Londres et intitulé Aphorismi Urbigerani ─ ou certaines règles qui démontrent clairement les trois façons infaillibles de préparer le grand élixir ou circulatum majus des philosophes : en découvrant le secret des secrets et en détectant les erreurs des chimistes vulgaires dans leurs opérations, contenues dans cent-un aphorismes─, auxquels s’ajoutent les trois façons de préparer l’élixir végétal ou circulatum minus. Tout cela déduit de l’expérience qui ne se trompe jamais.
Il est de Baro Urbigerus ─ écrivain du XVIIe siècle ─, qui se définit lui-même comme « un serviteur de Dieu dans le royaume de la nature » et dont la devise est Experto crede ─ fais confiance à un expert ─.
Cette gravure, patients lecteurs/trices, nous renvoie à nouveau à l’étude de l’ARCANE A.Z.F. sacré et de ses concomitances alchimiques.
Dans cette image, on nous parle des vertus de notre matière aqueuse et de ses potentialités, décrites par l’alchimiste Baro Urbigerus.
En essayant de comprendre cette gravure, nous devons dire que, d’abord, nous voyons dans la partie supérieure de celle-ci un serpent sur le côté gauche et un dragon sur le côté droit. Le serpent est notre Mercure, notre énergie créatrice, et le dragon est notre Feu. Ces deux puissances sont la base de notre future PIERRE PHILOSOPHALE.
Les deux créatures portent sur leur tête le symbole astrologique de la lune car, tant que le Grand Œuvre n’a pas été fait, ce sont des énergies lunaires qui devront être transformées en énergies solaires.
Le dragon, quant à lui, porte un SOLEIL sur le côté pour nous indiquer qu’il deviendra, en temps voulu, un élément igné.
La queue du serpent se termine en pointe pour nous indiquer qu’il s’agit d’une force puissante, serpentine, aqueuse. Le dragon, bien qu’il porte, comme le serpent, une lune sur sa tête, a sa queue qui se termine par une croix. Ceci sert à nous montrer que le pouvoir igné se contrôle avec le hiéroglyphe de la croix, c’est-à-dire, avec le croisement des potentialités ignées mélangées aux eaux mercurielles. Le dragon est ailé parce que le feu tend toujours vers les hauteurs, tel est cet élément.
L’arbre, mes amis et amies, est l’arbre de la SCIENCE DU BIEN ET DU MAL ─ la sexualité ─, c’est pourquoi tout le drame représenté se déroule autour de celui-ci.
La phrase latine Nil sine vobis ─ ‘Rien sans vous’ ─ est prononcée par le serpent pour nous indiquer que dans la nature, rien n’existe sans ces potentialités.
Parallèlement, l’autre phrase prononcée par le dragon : Per nos omnia ─ ‘Tout par nous’ ─ nous souligne que rien ne se met en marche sans l’aide du feu.
Sur le côté gauche de notre représentation, nous trouvons le dieu Apollon et la déesse Diane. Apollon dit à Diane : Pulchritudine tua captus sum ─ ‘J’ai été captivé par ta beauté’ ─, portant un soleil sur sa tête. En alchimie, on dit que le soleil ─ le Soufre ─ se sent attiré par la lune ─ le Mercure ─. Cela est essentiel pour que le Grand Œuvre se mette en route.
De son côté, Diane répond à Apollon : Ulterius te vinciam ─ ‘Je t’attacherai encore plus’ ─, car plus on pratique l’Arcane A.Z.F., plus le Mercure se fondra avec le Soufre dans notre nature.
Sur le côté droit de l’image, nous voyons ensuite les deux créatures ─ Apollon et Diane, Mercure et Soufre ─ transformées en une seule, formant un seul ÊTRE. Apollon, d’un côté, tient un soleil, tandis que Diane tient un arc dans sa main droite. Apollon tient à la fois le soleil dans son autre main et une lune sur sa tête. Lorsque cela se produit, Apollon s’exclame : Regeneratio tua in mea potentia ─ ‘Ta régénération est en mon pouvoir’ ─, car la régénération alchimique sexuelle n’est possible que par le feu. Ce à quoi Diane répond : Per te vivam ─ ‘Je vivrai à travers toi’ ─, car le Mercure ne fructifie que lorsque le feu le maintient fécond.
Il est bon de noter, chers/ères lecteurs/trices, que dans l’image de gauche, Diane tient dans ses mains un arc et que la flèche de cet arc est remplacée par une croix, que certains interprètent comme le hiéroglyphe ou le symbole de Gaïa, la Terre.
De même, Apollon apparaît tenant une lyre qu’il pose sur l’une de ses cuisses. Nous ne devons pas oublier qu’Apollon, symbolisant l’harmonie dans la création, est évidemment représenté avec un instrument de musique.
L’auteur termine sa gravure par un texte que nous décrivons pour nos lecteurs :
« Nous avons exposé avec tant de clarté dans notre Cent-un Aphorismes toutes les difficultés, et enseigné avec tant d’ampleur la théorie et la pratique complète du Mystère Hermétique, que tout amateur ingénieux de chimie pourra non seulement comprendre les écrits les plus abstrus des philosophes, mais aussi réaliser n’importe quelle expérience réelle attendue dans le progrès de notre Art Céleste.
Par Dragon vert, on entend notre première matière indéterminée, qui comprend tous nos principes. Mais ce Dragon, en s’accouplant avec le serpent, est contraint de se soumettre à lui, se dégradant de son être indéterminé pour la production de notre deuxième chemin. Apollon, avec le Soleil sur la tête, et Diane, avec le croissant de lune, s'embrassant, montrent notre troisième chemin et la continuation du premier et du deuxième [phases du travail transmutatoire].
Dans ce schéma, ainsi que dans nos aphorismes, tous les points principaux de la foi et de la religion, compris dans les volumes de l’Ancien et du Nouveau Testament, sont mystiquement exposés. Il en ressort que la contemplation de la nature conduit véritablement à la compréhension de ces vérités célestes, uniquement grâce auxquelles nous pouvons espérer atteindre la jouissance de la bienheureuse immortalité, vers laquelle, en tant que véritable et ultime but de notre création, tous nos efforts doivent tendre ».
Je vous ajoute maintenant quelques phrases pour votre réflexion :
« Tu ne peux pas voir ce que tu es, ce que tu vois, c’est ton ombre ».
Rabindranath Tagore
« La valeur d’un homme ne se mesure pas à ce qu’il possède, ni même à ce qu’il fait, mais elle s’exprime directement par ce qu’il est en lui-même ».
Aristote
« Chacun est tel que Dieu l’a fait, et souvent pire encore ».
Cervantes
« Cesser d’être n’est pas la même chose que ne pas avoir été ».
Humberto Díaz Casanueva
« Nous savons ce que nous sommes, mais pas ce que nous pouvons être ».
Shakespeare
DONA NOBIS PACEM.
─ ‘Donnez-nous la paix’ ─.
KWEN KHAN KHU