La chimère d'Arezzo, Florence

La Chimère d’Arezzo

La Chimère d’Arezzo 850 480 V.M. Kwen Khan Khu

Bien-aimés amis et amies lecteurs/trices :

C’est avec un immense plaisir que j’ai l’honneur de vous faire parvenir la sculpture suivante, qui a pour nom…

…LA CHIMÈRE D’AREZZO

Cette sculpture, d’origine étrusque, est faite en bronze et on estime qu’elle a été réalisée vers 400 avant JC près de la ville d’Arezzo ─ Italie ─, lieu où elle a été trouvée en 1553. Elle mesure 129 cm de long et 78 cm de haut. Elle se trouve actuellement au Musée Archéologique National de Florence.

La Chimère d'Arezzo, Florence

Les historiens affirment qu’il s’agit d’une offrande votive au Dieu étrusque Tinia, car elle porte une inscription étrusque gravée sur une jambe, qui dit tin gcvil, ce qui signifie ‘offrande appartenant à Tinia’. Il est possible que la statue ait fait partie à l’origine d’un groupe sculptural plus grand, comprenant même le personnage mythique de Bellérophon.

Ici, elle est représentée comme une créature svelte blessée au combat, avec les griffes étendues, une bouche rugissante et un dos arqué d’où sort une tête de bouc. Tant le corps que le cou du bouc sont blessés et ruissellent de gouttes de sang. Sa queue se termine en tête de serpent et mord une des cornes de la chèvre. 

Selon la mythologie grecque, la Chimère était un monstre qui parcourait les régions d’Asie Mineure en terrorisant les populations et en dévorant des animaux et même des troupeaux entiers. C’était une seule créature qui avait trois têtes : une tête de lion, une tête de bouc qui sortait de son dos et exhalait du feu, et la dernière de dragon ou de serpent qui sortait de la queue. Elle était très difficile à maîtriser car elle avait la force de trois animaux, mais le héros Bellérophon la vainc finalement sous le commandement du roi Iobatès de Lycie avec l’appui de Pégase, le cheval ailé. La Chimère est considérée comme la fille de Typhon et d’Echidna. Il existe plusieurs descriptions de sa mort : certains disent simplement que Bellérophon l’a transpercée avec sa lance, tandis que d’autres affirment qu’il l’a tuée en recouvrant la pointe de la lance avec du plomb qui a fondu lorsqu’il a été exposé à la respiration ardente de Chimère.

Bellérophon tuant la Chimère, Mosaïque de Rhodes
Bellérophon tuant la Chimère – Mosaïque de Rhodes.

Notons que Bellérophon, également appelé Bellérophontès ─ ‘tueur de Belléros’─, était un héros de la mythologie grecque originaire de Corinthe, dont les plus grands exploits furent de combattre les Amazones ─ autres peuples guerriers ─, de dompter le cheval ailé Pégase et de tuer la Chimère. Son nom d’origine était Hipponoos ‘qui connaît les chevaux’, ou Leophontes, mais il le changea en Bellérophon après avoir tué accidentellement un tyran de Corinthe nommé Belléros ─ Homère, Iliade ─.

Tout ceci étant dit, passons maintenant à l’interprétation de cette créature mythologique, qui avait certes des caractéristiques monstrueuses.

Dans la vie horizontale, on fait allusion à la chimère lorsque, dans une tentative de réfuter un argument de quelqu’un qui est considéré comme exagérant ses arguments, on le réfute avec cette phrase : « Ce que tu es en train de dire est une chimère », en voulant dire que ce qui est exposé est aussi incohérent ou absurde que la Chimère l’a été pendant des millénaires……

Cependant, lorsque nous essayons d’analyser les caractéristiques de cet animal aberrant ou de cette créature mythologique, nous y trouvons des choses assez intéressantes du point de vue gnostique. Tout d’abord, et de manière évidente, il s’agit de la représentation d’états absolument instinctifs qui doivent être désintégrés à l’intérieur de la créature humaine, comme toutes ces représentations de la mythologie grecque qui désignent les monstres contre lesquels Hercule a dû se battre pour retrouver sa place dans l’Olympe des Dieux.

En observant le corps de cette bête effrayante, nous voyons qu’il est constitué ou composé de trois animaux : une tête et un corps de lion, un bouc jaillissant de son dos, et une queue de serpent ─ ou parfois de dragon ─.

Nous pouvons facilement associer la tête de lion à l’agrégat psychologique de la COLÈRE. Rappelons ici que le premier travail imposé à l’Hercule mythologique fut précisément la capture et la mort du Lion de Némée. Le bouc avec ses cornes et sa gueule par laquelle il crache du feu représente les instincts luxurieux combinés à la férocité du lion ; voilà une autre référence à notre Typhon Baphomet non blanchi, en d’autres termes : LUXURE INFERNALE. Et, finalement, la queue de serpent nous indique la FORNICATION elle-même….. Ce serpent n’a rien à voir avec le Serpent Sacré et ne peut pas non plus être associé au serpent avec lequel Moïse guérissait les Israélites dans le désert, mais il a une similitude avec le serpent qu’Apollon a tué AVEC SES FLÈCHES ou avec celui qui rampait dans la boue de la terre cherchant à tenter Adam et Ève et les incitant à la fornication.

Ces trois états animalesques nous incitent sans aucun doute à des passions très violentes, difficiles à identifier dans notre anatomie psychique et, par conséquent, difficiles à déraciner du continent animique.

Il est curieux que cet animal monstrueux apparaisse à demi blessé par des combats qu’il a eus avec d’autres créatures sauvages. Cependant, ses jours s’achèvent lorsqu’un héros appelé BELLÉROPHON, monté sur le mythique PEGASUS ou PÉGASE, le tue à l’aide d’une lance ─ phallique ─, à laquelle il avait ajouté du plomb à sa pointe pour que, au contact du souffle de la CHIMÈRE, elle la brûle et la tue de ses brûlures.

Le grand écrivain et poète grec Hésiode affirmait que la Chimère était en vérité la fille de L’HYDRE DE LERNE, un autre monstre qui symbolise dans nos études gnostiques LE MENTAL ANIMAL, LE DÉSIR ANIMAL ET LA MAUVAISE VOLONTÉ.

Bien que cela puisse nous sembler insolite ou incohérent, cher/ère lecteur/trice, ce type de créations infernales existe certainement dans les infradimensions de la nature, ou Averne ou Tartare. À mesure que nous descendons dans les arcades de l’abîme, nous rencontrons ce type de créatures, qui sont des débris de nos propres agrégats et, parfois, qui sont des résidus d’agrégats d’autres âmes perdues qui sont en cours de désintégration.

Il est bon de signaler que le destructeur de la Chimère utilise, dans sa lutte avec ledit monstre, une lance, qui symbolise, alchimiquement, la force érotique que nous devons utiliser dans nos travaux dans la Forge de Vulcain. Ce n’est qu’avec le pouvoir de la lance sacrée qu’il est possible de désintégrer nos propres créations démoniaques qui nous empêchent d’avoir une relation correcte avec les diverses parties de notre ÊTRE intérieur profond. Le feu d’Éros, sublimé, est le même INRI‘Igni natura renovatur integra’ ─ capable de mettre à mort nos incohérences psychiques et, d’autre part, de créer la véritable vie intérieure. C’est l’épée à double tranchant des anciens mystères qui, maniée avec sagesse par le guerrier qui aspire à la Toison d’or, finit par la lui accorder après des batailles sanglantes……..

Tout ceci étant dit, je vais maintenant vous offrir quelques phrases très intéressantes sur lesquelles réfléchir :

« La vertu n’est peut-être rien d’autre que l’urbanité de l’âme ».
Balzac

« S’il ne coûtait rien d’être vertueux, aurions-nous quelque mérite à l’être ? ».
Saint Jean Chrysostome

« Dans le sein de tout homme vertueux, il habite un Dieu ».
Sénèque

« Pour pouvoir être vertueux, il faut la nature, la raison et l’habitude ».
Aristote

« Il ne suffit pas d’avoir la vertu et de ne pas s’en servir, c’est comme avoir un art et ne pas l’exercer ».
Cicéron

GLADIUS DEI.
─ ‘L’épée de Dieu’ ─.