Mercure, Alchimie, Johan de Monte Raphaim

Mercure

Mercure 850 480 V.M. Kwen Khan Khu

Chers/ères amis/es

Je vous fais parvenir à cette occasion la présente gravure qui figure en frontispice du livre Vorboten der am philosophischen himmel hervorbrechenden Morgen-Röthe, ‘Le héraut de l’aube qui fait irruption dans le ciel philosophique’, écrit par Johan de Monte Raphaim ─ probablement un pseudonyme ─, et publié en 1716 à Hambourg, en Allemagne. Je vous ajoute deux versions du dessin : la première originale du livre et la seconde, une version plus populaire d’une édition ultérieure.

Mercure, Alchimie

Cette gravure, patient lecteur/trice, nous rappelle l’un des symboles les plus précieux de l’Alchimie ; nous nous référons au Mercure des sages.

Tout d’abord, nous devons préciser que le mot du centre appartient au grec ancien, constitué d’un ypsilon, d’un lambda ─ équivalent à un l ─ et d’un êta ─ un e long ouvert ─.

Il se traduit par Hyle et se lit comme [hule] ou [hile], et signifie ‘matière’. C’est le même mot qui apparaît dans l’exorcisme du sel quand on nous dit : recedant ab isto fantasmata hyle. Aristote l’a utilisé dans sa philosophie pour indiquer la matière première.

C’est donc une invitation à extraire quelque chose de la matière première primordiale : le Mercure des sages.

Simbolisme du Mercure

Je me permets de vous faire remarquer que les symboles qui se trouvent aux sommets du plus petit triangle, ou plutôt entre les sommets des deux triangles centraux, représentent, celui du haut ─ un triangle sur une croix ─ le Soufre, celui du bas à gauche ─ un cercle coupé en deux ─ le Sel, et celui du bas à droite le Mercure ; les trois éléments de l’Alchimie sont donc présents ici.

Les mots Agens, Patiens, Essent, Quint signifient : ‘actif’, ‘patient’, ‘essence’, ‘cinquième’. Nous pourrions traduire cela par ‘en étant actif et patient, nous atteignons la quintessence’.

Considérant que la tête de la clé de droite ressemble beaucoup au symbole de l’argent ou de la Lune ─ semblable à deux lettres C confrontées ─, et que celle de la clé de gauche est plus ronde, comme un O ─ qui est le symbole du Soleil et de l’or ─, il nous semble logique que la première clé indique le Mercure et la seconde le Soufre, ou la première l’élixir blanc et la seconde le rouge.

La première se trouve dans la main de Mercure dans une attitude active, la seconde pend de son bras dans une attitude passive, peut-être pour dire que la force active doit travailler avec l’élixir blanc et que la force passive a besoin de l’élixir rouge.

DESCRIPTION GÉNÉRALE :

Mercure, l’agent principal du Grand Œuvre, apparaît ici entouré de ses attributs. L’image nous le présente avec un casque et des bottes ailées pour symboliser son évaporation dans notre nature intérieure.

Dans sa main droite, il tient une clé marquée du mot Claudo, signifiant ‘Je ferme’, et Teo sur le panneton de la clé, venant du grec Theos, qui signifie ‘Dieu’.

Mais que ferme Dieu exactement ? Réponse : notre nature lunaire. Dans son bras gauche, il tient un caducée et une clé marquée du mot Aperio, signifiant ‘J’ouvre’, et deux lettres H dans le panneton, l’une au-dessus de l’autre.

Ici, il convient de nous demander : qu’est-ce que Mercure ouvre pour nous ? Réponse : le Mercure nous ouvre l’accès à tous les royaumes de la nature et à toutes les dimensions de l’espace.

La lettre H suggère l’Halitus ou souffle divin capable de tout pénétrer.

Mercure apparaît également sur un cercle entouré des mots Animalia, Vegetabilia, Mineralia et Astralia, le règne animal, végétal, minéral et stellaire, nous faisant comprendre que c’est le Mercure qui a formé l’ARCHÉ GNOSTIQUE d’où ont émané les galaxies et toutes les dimensions du cosmos. Nous pourrions résumer en disant que le Mercure a été le principal auxiliaire de la création elle-même.

À l’intérieur du cercle dans lequel se trouve le Mercure figurent les mots Chaos, Materia, Prima, Magnesia, Lapis ; ‘chaos’, ‘matière’, ‘première’, ‘magnésium’, ‘pierre’. De toute évidence, le Mercure naît du chaos primordial, devient la matière première, le Magnésium composant de la quintessence, tout ceci donnant naissance à la PIERRE PHILOSOPHALE.

Au milieu de tout cela, nous trouvons un carré avec les quatre éléments inscrits sur chacun de ses côtés, à savoir : Ignis, Agua, Terra, Aer ; ‘feu’, ‘eau’, ‘terre’, ‘air’.

À l’intérieur de ce carré, nous trouvons également les mots qui se liraient probablement Agens, Patiens, Essent, Quint, déjà expliqués précédemment.

Nous voyons deux triangles sur les côtés desquels sont écrits Separa, Dissolve, Depura ; ‘sépare’, ‘dissout’, ‘dépure’. Que signifient ces mots ? Le Mercure se manifeste d’abord sous la forme d’une matière obscure qu’il faut séparer par la sublimation de l’art transmutatoire. Il faudra ensuite dissoudre les éléments atomiques indésirables qui s’y cachent. Cela nous amène alors à son épuration, c’est-à-dire à la nature cristalline de notre agent mercuriel.

Nous voyons ensuite les mots Anima, Spiritus, Corpus ; ‘âme’, ‘esprit’, ‘corps’ ; ce serait l’âme mercurielle et ensuite l’esprit mercuriel ─ les véhicules internes créés dans l’Adepte ─, et le corps ou la solidification de la nature de gloire de l’Initié.

À l’intérieur du dernier triangle, nous trouvons le mot Extrahe, ‘extraire’.

Aux sommets, comme nous l’avons dit, se trouvent les symboles du Sel, du Soufre et du Mercure, composants originels du Grand Œuvre intérieur.

Nous ne devons pas négliger le caducée que tient dans sa main gauche la divinité olympienne. Ce caducée est la représentation des canaux IDA et PINGALA de notre nature métaphysique, par lesquels montent les vapeurs de notre substance mercurielle particulière pendant le coït métaphysique. C’est le Grand Arcane A.Z.F. de la Gnose éternelle.

Je vous ajoute finalement quelques phrases pour votre réflexion :

« La victoire appartient au plus persévérant ».
Napoléon

« Vaincre sans danger, c’est triompher sans gloire ».
Sénèque

« Aucun vaincu n’obtient justice s’il doit être jugé par son vainqueur ».
Quevedo

« L’univers est une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part ».
Pascal

« Tout homme est le centre de l’univers. L’univers, comme l’espace, selon la célèbre définition, a son centre dans chaque âme et sa circonférence dans aucune ».
Amado Nervo

TANDEM FELIX.
─ ’Enfin heureux’ ─.

KWEN KHAN KHU